Restauration de l’aquarelle de Turner
Dans l’exposition Abécédaire des images. Lire la collection, le Kunstmusem Luzern montrait pour la première fois depuis son acquisition en 2019 l’aquarelle The Rigi, Lake Lucerne, Sunset de J.M.W. Turner. Cette œuvre formidable est entrée dans la collection du musée à la fin de l’exposition Turner, la mer et les Alpes. L’acquisition, la plus importante dans l’histoire de l’institution, a été rendue possible par le soutien généreux de la Gottfried-Keller-Stiftung (Confédération suisse) et de nombreuses autres fondations et personnes privées. Grâce à la restauration effectuée l’année dernière, l’œuvre a désormais retrouvé toute sa splendeur. La restauration a par ailleurs permis de gagner de nouvelles connaissances sur l’histoire du tableau et la technique picturale employée.
Technique picturale
Pour cette représentation du Rigi et du lac des Quatre-Cantons, J.M.W. Turner a choisi l’aquarelle et la gouache. Pour les appliquer, il a employé la technique du lavis, qui suppose que les couleurs soient très diluées, quasiment transparentes. Une étude détaillée a révélé que l’artiste a d’abord esquissé la composition au crayon. Il a ensuite appliqué les couleurs avec différents pinceaux et délavé les bords avec un chiffon ou la paume de sa main. En bas à gauche, on peut voir des empreintes de doigt qu’il a dû laisser lors du séchage.
Le papier comme support d’image
L’image a été peinte sur papier vélin, un papier lisse à la structure régulière qui ressemble au parchemin. Le papier est un matériau sensible et fragile, dont la durée de vie est altérée par la lumière et les variations de température. C’est pourquoi l’aquarelle The Rigi, Lake Lucerne, Sunset est toujours exposée pendant un temps limité. Entre les moments d’exposition, elle est préservée à l’abri de la lumière pour mieux se régénérer.
La photographie, prise avec une lumière rasante, révèle les déformations du papier et une pliure. Celle-ci court en biais du coin supérieur droit vers le bas sur toute l’étendue de l’image. Pour réduire ces déformations, l’aquarelle a été placée dans une chambre climatique, humidifiée avec précaution, recouverte de carton buvard et d’un film plastique et lesté avec des poids.